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Stéphanie Pillonca : attendre, aimer, marcher
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Stéphanie PilloncaRéalisatriceVoilà une semaine que son film documentaire C’est toi que j’attendais aurait dû être à l’affiche des cinémas. La non-réouverture des lieux de culture en a décidé autrement. Quand la nouvelle est tombée, la réalisatrice s’apprêtait à partir sur les routes, pour une série d’avant-premières.Depuis, Stéphanie Pillonca est touchée, mais pas coulée. « Dès que le film pourra sortir, nous le sortirons ! » Elle y croit, même si le manque de perspectives pour les semaines à venir la trouble. « Dans le domaine de l’intermittence, surtout quand tu n’es pas une grosse machine, un film en génère un autre. De sa réception publique, des critiques dépend la suite. Si C’est toi que j’attendais est sacrifié, cela pèsera sur mes autres projets. » Mais elle avance. « La colère ou l’aigreur ne servent à rien. »L’adoption, une histoire de liensStéphanie Pillonca patiente. Comme ses personnages. C’est toi que j’attendais, beau documentaire sur l’adoption, suit des parents en désir d’enfants et des enfants en quête de parents. La mère qui abandonne, l’enfant qui est abandonné, le couple qui accueille : « Chacun a ses doutes, ses douleurs, ses raisons », raconte Stéphanie Pillonca, qui refuse de juger. « Je voulais raconter la force des liens qui se créent, à travers l’adoption, mais aussi montrer combien il est important, pour chacun, de savoir d’où il vient. »→ REPORTAGE. À Metz, un accueil sur mesure pour les nourrissons nés sous XNon pas que les liens biologiques soient les plus forts. « Les parents, ce sont ceux qui vous veillent les nuits de fièvre, attendent votre retour la peur au ventre, la première fois que vous sortez en boîte. » Mais « savoir d’où l’on vient aide à se connaître, précise-t-elle. En France, on est très en retard sur la question de l’accès aux origines des enfants nés sous X. Tous les enfants adoptés que j’ai rencontrés, pour ce film, m’ont parlé de cette pièce manquante dans leur vie. »→ LES FAITS. La Cour des comptes critique le « pilotage défaillant » de l’aide à l’enfanceIl y a, dans le documentaire, des scènes saisissantes, comme celle où un couple découvre la photo de la petite fille qui leur sera confiée. « Quand j’ai commencé à suivre Lucile et Franck, leur agrément (valable cinq ans, NDLR) allait arriver à expiration… Et là, paf ! L’ASE (Aide sociale à l’enfance) les choisit. » Elle plaisante : « Hitchcock disait que, sur un tournage, le réalisateur est Dieu. Dans le documentaire, c’est l’inverse : Dieu est le réalisateur ! Jamais je n’aurais cru que la réalité aurait tant d’audace ! »Habitée par le handicapPourtant, Stéphanie Pillonca est de celles qui osent. Une combative, habitée, dans ses films et dans la vie, par la question de l’empêchement et du handicap. Son premier film Je marcherai jusqu’à la mer, en 2013, racontait le quotidien d’Alexandra, une jeune femme en fauteuil.→ RELIRE. Alexandra, la liberté malgré le handicapEn septembre 2020, Apprendre à t’aimer, un téléfilm sur la trisomie 21 (1) signait, sur M6, un beau succès d’audience. Stéphanie Pillonca raconte qu’avec sa caméra elle peut aller au-delà « des regards » de « la fatalité », des « entraves ».« Tourner des films sur le handicap vous change ». Parce qu’« on se sent vivre plus fort », et parce que « l’espérance qui accompagne le malheur » révèle chez certains « des richesses insoupçonnées ». « Ce sont toutes ces personnes que l’on ne veut pas voir qui, paradoxalement, m’ont le plus apporté. » Les amitiés ont perduré au-delà des plateaux. « Si un jour j’ai un problème en pleine nuit, dans une rue déserte, je sais qui appeler. »Changer la vieRéalisatrice, Stéphanie Pillonca se rêvait pourtant comédienne. Après le conservatoire de Toulon, le Cours Florent à Paris, elle devient journaliste et animatrice pour la télévision. « C’est en faisant des reportages que j’ai appris à raconter des histoires. »Mais en 2000, elle vit une « révolution spirituelle ». Elle a 29 ans et sa petite sœur part en pèlerinage à Rome. Stéphanie Pillonca l’accompagne. Elle qui a pris la route « pour faire un peu de sport », revient à Paris… croyante et baptisée. Encore quelques mois passés sur TF1 (pour la Star Academy, notamment) et la voilà qui démissionne, « pour retrouver de la cohérence, du sens ».Se réinventer est chez elle un atavisme familial. « Mon grand-père est arrivé d’Italie pieds nus – c’est vrai, ce n’est pas une légende familiale, rit-elle. Depuis, on m’a toujours appris à me battre. » De ses parents, elle a retenu que « tout est possible ». À son tour, elle le transmet à ses deux enfants. « Je leur dis que, sur un chemin tracé, il faut emprunter des détours. On peut y trouver des grâces. » De celles que, parfois, on n’attend pas.——————Son inspiration : Cécile et Alexandra, ses guidesSi Stéphanie Pillonca est sensible au thème du handicap, c’est à cause de deux rencontres. La première, dans l’enfance. « J’ai grandi dans le Var avec une fille, Cécile Martinez, qui allait devenir pionnière de la danse adaptée. » Cette discipline qui fait danser ensemble valides et handicapés lui a inspiré le documentaire Laissez-moi aimer, en 2019.Mais « la » rencontre est arrivée en 2012, « avec Alex ». « Je présentais un court métrage et, à la fin de la projection, je vois s’avancer une jeune femme en fauteuil. Grâce à elle, j’ai découvert ce que pouvait être la vie d’une femme porteuse de particularités. » Alex devient l’héroïne du documentaire Je marcherai jusqu’à la mer.« Cette rencontre m’a bouleversée et a scellé un pacte entre un univers caché, ignoré, moqué et moi. Je n’aime pas l’idée de me dire mandatée, mais le sujet revient toujours à moi. »
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